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Tout
comme Gravilo Princip en 1914, le colonel Tibbets ne
pensait pas qu'en lâchant sa bombe sur la ville
japonaise d'Hiroshima ce 6 août 1944 à
8h15, il allait faire entrer le monde dans une nouvelle
ère. Avec Little Boy, le monde entrait dans l'âge
nucléaire. Un monde nouveau fondé sur
l'équilibre de la terreur et l'affrontement de
deux systèmes de pensée ; démocratie
libérale contre totalitarisme communiste.
Cet affrontement dura près d'un demi siècle
et conduit plusieurs fois le monde au bord d'un conflit
généralisé qui aurait amené
le monde à sa perte. Malgré ce face à
face entre deux blocs que tout oppose, le monde n'en
est pas pour autant figé durant cette période.
En effet, on assiste en quelque sorte à une accélération
de l'Histoire. 1945-1989 est marqué par de nombreux
bouleversements tel que le déclin de l'Europe
que la perte de ses empires coloniaux ne fait que mettre
en évidence, ou bien le formidable boom économique
et technique qui suit la Seconde Guerre mondiale, ou
encore l'émergence de nouveaux acteurs sur la
scène des relations internationales tel que les
pays du tiers-monde ou le déplacement du centre
de gravité du monde de l'Atlantique vers le Pacifique.
C'est la guerre froide entre 1945 et
1956 qui caractérise la première partie
de cet affrontement. Après s'être partagé
le monde à Yalta, les deux vainqueurs (désolé
pour les Britanniques aussi présents lors de
la conférence) vont très vite renter dans
une logique de l'affrontement inévitable. Avec
une Union soviétique qui rompt avec sa stratégie
d'avant guerre et qui joue la carte de l'expansionisme
et des États-Unis, eux aussi rompant avec leur
tradition isolationiste, sont acculés à
la stratégie du containment (endiguement)
pour contrer l'avancée communiste et ne pas subir
la théorie des dominos. La guerre de Corée
est le meilleur exemple de cet affrontement à
distance.
La mort de Staline en 1953 puis les révélations
du XXe congrès du PCUS en 1956 par
Krouchtchev contribuèrent à modifier quelque
peu les relations entre les deux super-puissances. On
parla à l'époque de dégel
et détente (1956-1973). Mais cette reprise
du dialogue ne signifie par pour autant la fin des affrontements
par alliés interposés. En effet, la décolonisation
qui est un des phénomènes majeurs de cette
période et les conflits qui s'en suivirent, procurèrent
aux deux protagonistes de nouveaux lieux d'affrontement.
Le choc pétrolier de 1973 marque la fin de cette
période de dégel et fait rentrer le monde
dans une sorte de paix chaude (1973-1989)
où l'affrontement n'est plus aussi direct que
durant la guerre froide mais où les puissances
occidentales essayent de contrecarrer l'expansionisme
soviétique. En effet, alors que la décolonisation
est en voie de se terminer (seul le Portugal se débat
encore dans des conflits coloniaux jusqu'en 1975) et
que les super-puissances se sont mis d'accord sur un
processus de désarmement (accord américano-sociétique
SALT I), un phénomène indépendant
des deux grands vient bouleverser la donne ; une crise
économique due en partie au choc pétrolier
vient paralyser pour plusieurs années le monde
occidental. Cette paralysie bien que partielle pousse
l'Union soviétique à reprendre l'initiative
dans le monde et à ce titre elle apparaît
comme la grande gagnante dans un premier temps. Cependant
dès le début des années 80, l'Occident
relève la tête du point de vue économique
et parvient à pousser l'Urss dans une course
à l'armement qui conduira le régime communiste
à la faillite économique puis politique. |